Retour à la liste

COP15, Tribune de S.A.S. le Prince Albert II de Monaco

Article

Espagne

Tribune publiée par l'agence de presse espagnole Efe Verde

"La COP27 de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques, il y a quelques semaines à Charm el-Cheikh, a été pour l’essentiel une déception. Malgré quelques avancées, elle n’a permis aucun progrès dans ce qui est l’enjeu premier de la préservation du climat : en finir avec les énergies fossiles.

Il y a fort à craindre que la COP15 de la Convention sur la Diversité Biologique, qui se tient en ce moment même à Montréal, n’aboutisse à une déception similaire. Alors même que la biodiversité mondiale fait face à une crise sans précédent, avec la perspective d’une sixième vague d’extinction des espèces, l’humanité ne parvient toujours pas à se mobiliser autour d’un enjeu dont beaucoup ne mesurent pas l’extrême gravité. Si la COP de Charm el-Cheikh a un peu fait parler d’elle, celle de Montréal semble hélas n’intéresser presque personne. Une fois de plus, l’anthropocentrisme nous conduit à négliger le sort de millions d’espèces qui risquent de disparaître.

Nous savons pourtant que biodiversité et climat sont étroitement liés et qu’il est vain de vouloir préserver l’un sans protéger l’autre. Nous savons aussi que l’homme est directement responsable de cette dramatique vague d’extinction. Et nous savons surtout que l’avenir de l’humanité est indissociable de la santé de cette Planète et des autres espèces qui la partagent, dans un équilibre aujourd’hui en grand danger.

Face à cette situation, le pire serait de renoncer. Car si des accords multilatéraux ambitieux sont nécessaires, ceux-ci ne font pas tout. Surtout, en l’absence d’engagement suffisant de la communauté internationale, d’autres formes d’action demeurent possibles, en s’appuyant notamment sur le dynamisme des acteurs privés, sur la mobilisation des sociétés civiles et sur l’intelligence de la communauté scientifique.

C’est ainsi que nous sommes parvenus, au cours des dernières années, à sauver plusieurs espèces en danger, comme le phoque moine, le thon rouge de Méditerranée ou le tigre de l’Amour, par une action conjuguée des ONG, des scientifiques, des acteurs économiques et de quelques États déterminés.

Et c’est la raison pour laquelle la Principauté de Monaco a décidé d’accompagner le travail indispensable de l’UICN, par un partenariat multi-annuel entre le Gouvernement monégasque, ma Fondation et l’UICN, afin d’en soutenir le programme emblématique de « Liste rouge ».

Depuis près de soixante ans, cet inventaire régulièrement mis à jour offre à tous, décideurs, acteurs environnementaux et grand public, un diagnostic précis de l’état des lieux de la conservation des espèces animales et végétales. Le 9 décembre, sa dernière édition a encore implacablement mis à jour le déclin de nombreuses espèces marines, majoritairement du fait des activités humaines et de leurs conséquences. Ce constat nous impose d’agir.

C’est pourquoi il nous faut aujourd’hui multiplier les mesures d’atténuation, d’adaptation et de résilience, que ce soit par des actions locales, voire très locales, ou par des initiatives à plus large échelle. Nous devons en particulier tout faire, chacun à notre niveau, pour atteindre l’objectif fixé par la communauté scientifique : placer sous protection 30% des zones terrestres et marines d’ici 2030. Il s’agit aujourd’hui de la manière la plus efficace de préserver la biodiversité mondiale, de lutter contre le changement climatique, et de favoriser plus globalement un développement humain qui ne soit plus synonyme de destruction irréversible de la nature.

Ces objectifs clairs, chacun peut aujourd’hui contribuer à les atteindre. Chacun peut agir, à son échelle, avec ses moyens, pour que nous inventions ensemble une manière de réconcilier l’humanité et la nature.

Il s’agit de la meilleure manière de compenser les déceptions nées des récentes conférences multilatérales, et de susciter une pression positive pour que les prochaines éditions aboutissent enfin aux décisions courageuses dont notre monde a besoin."

Lire la publication originale 

©Gaetan Luci Palais Princier